Eventration
Qu’est ce qu’une éventration ?
Une éventration est l’apparition d’une « boule » au niveau d’une cicatrice d’une chirurgie ancienne, avec un orifice dans la paroi musculaire qui peut laisser passer les éléments anatomiques de l’abdomen, comme de la graisse ou de l’intestin.
Une éventration engendre une pesanteur, une gêne voire une douleur, augmentée par les efforts et en position debout prolongée.
Le diagnostic se fait le plus souvent à l’examen clinique. Parfois il est nécessaire de réaliser un examen d’imagerie (échographie, scanner) pour compléter le bilan.
Une éventration peut survenir quelques jours après une intervention jusqu’à plusieurs années après.
Cela peut toucher toutes les cicatrices au niveau de l’abdomen.
Est-ce fréquent ? Pourquoi ai-je cela ?
On sait que cela se produit dans plus de 1 opération abdominale sur 10. Il y a des facteurs de risque bien identifiés :
l’obésité, le tabac, la dénutrition, la chirurgie en urgence, l’infection de la cicatrice lors de l’intervention précédente, les efforts en postopératoire (port de charges, toux, constipation), le fait d’avoir déjà eu des hernies au préalable.
De manière générale, tout ce qui retarde la cicatrisation facilite l’apparition d’une éventration.
Dois-je me faire opérer ?
L’évolution naturelle d’une éventration est l’augmentation progressive de son volume mais s’observe avec une vitesse d’évolution variable.
Les « ceintures de maintien » peuvent soulager partiellement les douleurs mais ne ralentissent pas l’évolution.
La guérison sans opération n’existe pas. Plus l’éventration est volumineuse, plus la réparation sera difficile.
Le risque principal d’une éventration est l’étranglement: une partie de l’intestin vient s’incarcérer dans l’orifice, ce qui entraine une souffrance de l’intestin avec un risque de péritonite (« infection abdominale généralisée ») par perforation de l’intestin.
L’étranglement se manifeste par une voussure très douloureuse, non réductible et immobile lors des efforts de toux. Il faut consulter en urgence si le cas se présente.
C’est pour cette raison qu’on préconise d’opérer.
Dans certains cas, la réparation de l’éventration a un très grand risque de complication, il peut alors être plus raisonnable de ne pas opérer. A chaque fois votre chirurgien appréciera la balance bénéfice/risque avec vous.
Comment se traite une éventration ?
Le traitement curatif d’une éventration est chirurgical. Le but de l’intervention est de réintégrer les viscères dans l’abdomen et de restaurer l’intégrité de la paroi abdominale de façon durable.
Il est possible soit de réaliser une incision au niveau de l’éventration (la taille de l’incision dépendra de la taille de l’éventration) soit de réparer par coelioscopie (caméra et petits orifices = 3 petites cicatrices de 1-2cm).
Le choix de la technique dépendra de la taille de l’éventration et de la taille de l’orifice dans la paroi musculaire, mais aussi de vos antécédents.
Dans les deux cas, il est recommandé de réparer en utilisant une prothèse (filet, voile, grillage…) car il est prouvé que le taux de récidive est moindre. Une prothèse est un matériel non-résorbable et il faut 4 semaines pour qu’elle s’intègre dans le corps. Quand la taille de l’orifice fait moins de 1cm, la réparation peut se faire avec simplement du fil mais la solidité est moindre.
L’intervention se fait sous anesthésie générale et commence par la libération des viscères engagés dans l’éventration et la mise à nu des bords de la zone de faiblesse , puis la réparation se fait en fixant la prothèse par des agrafes et/ou des fils.
Si vous êtes fumeur, il est recommandé d’arrêter l’intoxication. Les patients fumeurs ont plus de risque d’infection, cicatrisent moins bien et peuvent présenter des complications lors de l’anesthésie.
Prothèse utilisée par incision unique :
Prothèse utilisée en cœlioscopie :
Risques/complications
Les risques pendant l’intervention concernent essentiellement les lésions du tube digestif lors de la libération des adhérences et des organes incarcérés dans l’éventration, qui peuvent augmenter le risque d’infection et justifier une modification de la technique opératoire : conversion de cœlioscopie en chirurgie ouverte, modification technique de la réparation pariétale.
Parfois il devient nécessaire en cours d’intervention d’enlever un organe ou une partie d’organe. Votre chirurgien appréciera cela et fera le nécessaire dans les meilleures conditions.
Risque de conversion: en cœlioscopie, si un problème survient ou si les conditions ne permettent pas de réaliser l’intervention convenablement, il est décidé d’ « ouvrir » pour remédier aux difficultés rencontrées.
Rares complications non spécifiques, liées à toute chirurgie abdominale :
● Complications thromboemboliques (phlébites, embolie pulmonaire)
● Complications hémorragiques (plaies vasculaires, hématomes)
● Complications infectieuses sur incisions (abcès de paroi), cathéters, drains et sondes.
● Plaies digestives, brides et occlusions intestinales secondaires
● Plaies vésicales, rétentions d’urines post-opératoires
Il existe aussi des complications exceptionnelles liées à la cœlioscopie :
Survenant lorsque l’on gonfle l’abdomen ou quand on introduit le premier trocart au début de l’opération, elles peuvent nécessiter une conversion en une grande ouverture (laparotomie).
Il s’agit en général de blessures de gros vaisseaux comme l’aorte abdominale ou de blessures des organes proches du site opératoire, essentiellement digestifs (intestin) ou urinaires (uretère, vessie).
Ces blessures accidentelles peuvent être favorisées par la complexité de l’intervention ou des circonstances anatomiques imprévues. Leur reconnaissance immédiate permet en général une réparation sans séquelle, mais elles peuvent parfois passer inaperçues lors de l’intervention et provoquer une péritonite ou un abcès post-opératoire. Elles peuvent exceptionnellement entraîner le décès du patient.
Complications spécifiques précoces :
● Séromes (bosse de liquide clair) et ecchymoses (placard bleu) pouvant diffuser dans les tissus. Ceci est tout à fait bénin et va disparaître spontanément en quelques semaines. Au moindre doute, discutez-en avec votre chirurgien.
● Hématomes (poche de sang) pouvant diffuser dans les tissus et pouvant nécessiter une ré-intervention (0,5%) dans certains cas.
● Exceptionnelles infections de la prothèse improprement appelées “rejets” et pouvant nécessiter un traitement par antibiotiques voire une ré-intervention pour ablation (moins de 1% des cas). Cela se manifeste par des douleurs inhabituelles et/ou de la fièvre et/ou une cicatrice inflammatoire.
● Iléus: le transit qui tarde à se rétablir. Il survient en moyenne dans 10% des cas. Il est
favorisé par l’importance de l’éventration à traiter. Les intestins sont « paralysés » après l’opération. Cela se traduit par des nausées, des vomissements et un ballonnement de l’abdomen. Il est nécessaire de placer une sonde dans l’estomac pour le vider.
Complications spécifiques tardives :
● Douleurs prolongées, régressant le plus souvent dans les deux années suivant l’intervention. Une consultation avec un centre anti-douleur peut être nécessaire pour mettre en place un traitement spécifique. Ceci sera discuté en consultation avec votre chirurgien.
● La récidive survient dans environ 12% des cures d’éventration. Parfois il n’y a pas de
nouvelle hernie au sens propre, mais il s’agit simplement de la prothèse qui « bombe » à travers l’ancien orifice d’éventration. Cela est un peu plus fréquent avec les interventions par cœlioscopie.
Consignes post-opératoires
- Avant l’intervention, une ordonnance pour le traitement antalgique vous a été remis pour que vous puissiez le prendre dès votre retour à domicile. Respectez bien les consignes qui y sont écrites. Si les douleurs ne sont pas soulagées malgré le traitement maximal, contactez votre chirurgien ou consulter votre médecin.
- Si vous présentez de la fièvre durant le premier mois, contactez votre chirurgien ou consulter votre médecin en urgence.
- Interdiction de toute activité physique (sport, bricolage, jardinage…) et du port de charges lourdes (+ de 5kg) pendant 6 semaines minimum. Il faut solliciter le moins possible les muscles abdominaux, le temps que la prothèse s’intègre dans le corps. Il est quand même recommandé de marcher normalement dès le lendemain de l’intervention. Après la consultation de contrôle avec votre chirurgien à 1 mois, il sera décidé quand est-ce que vous pourrez reprendre vos activités physiques.
- Il sera nécessaire de porter une ceinture de contention abdominale pendant 6 semaines au minimum. Une ordonnance vous sera remise en consultation pré-opératoire afin que vous apportiez la ceinture pour le jour de l’intervention. La ceinture vous sera mise juste après l’intervention en salle de réveil.
- Un arrêt de travail sera nécessaire après l’intervention et la durée sera déterminée en consultation avant l'intervention selon votre travail.
- Il sera prescrit des soins de cicatrice, par une infirmière, tous les jours jusqu’à la cicatrisation complète. Ceci permet qu’un professionnel de santé contrôle au début quotidiennement le risque que vous fassiez une infection sur la cicatrice ou la prothèse. Cela peut se manifester par des douleurs inhabituelles et/ou de la fièvre et/ou une cicatrice inflammatoire et/ou un écoulement purulent. Contactez votre chirurgien ou consulter votre médecin en urgence si le cas se présente.
- Aucun régime alimentaire n’est nécessaire.
- Vous pourrez reconduire 48h après. Evitez les longs trajets les premiers temps. Vous pourrez être limité par vos douleurs.
- Une consultation de contrôle avec votre chirurgien est prévue 1 mois après l’intervention. Mais pour tout problème, votre chirurgien reste disponible dans l’intervalle.
Fiche d’information des sociétés savantes
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D’un point de vue pratique
- Au terme de la consultation avec votre chirurgien, l’indication de l’intervention sera décidée.
Si l’intervention se fait sous anesthésie générale, une consultation avec un médecin anesthésiste est obligatoire. Dans certains cas, une évaluation au préalable par un cardiologue est nécessaire.
- Après les différentes consultations, il sera décidé si vous serez hospitalisé en ambulatoire (entrée le matin, intervention et sortie le soir) ou en conventionnel pour une nuit ou plus.
- Les consignes de jeûne et de prise de vos médicaments vous seront expliquées en consultation d’anesthésie.
- Si vous êtes fumeur, il est recommandé d’arrêter l’intoxication. Les patients fumeurs ont plus de risque d’infection, cicatrisent moins bien et peuvent présenter des complications lors de l’anesthésie.
- Dans les 48 heures précédant l’intervention, il est nécessaire de réaliser une dépilation en suivant le schéma remis lors de la consultation. Ne pas utiliser de rasoir mais une crème dépilatoire. Un contrôle sera fait par l’infirmière lors de votre arrivée.
- Après l’intervention, vous serez surveillé en salle de réveil puis vous retournerez dans votre chambre. Votre sortie sera validée après accord de l’anesthésiste et la visite de votre chirurgien.